Extrait

Chapitre 1
 

Le cadeau
 

 

Lilas Remblot tendit la main vers le paquet que lui tendait

son amie. Il s’agissait d’une boîte ovale toute blanche, entourée

par un ruban tout jaune. La jeune fille tenta d’enlever le noeud

en douceur, en vain. Trop impatiente, elle finit par l’arracher

d’un coup sec. Elle leva la tête vers Lucille, l’une de ses

meilleures amies, dont les yeux pétillaient de mille reflets

ambrés, lui sourit, et souleva le couvercle.

Lilas resta un instant sans voix devant ce qu’elle tenait

entre ses mains, incapable d’y croire. Une palette

d’aquarelles contenant plus d’une centaine de nuances de

couleurs, du papier à dessin, des crayons, du fusain, des

craies grasses… Elle ouvrit des yeux ronds, sous le coup de

l’émotion ; elle sortit avec précaution les instruments à

dessin de leur emballage, redoutant par-dessus tout de les

abîmer.

A cet instant, l’expression qu’on lisait sur son visage

ressemblait à celle d’un bambin qui verrait pour la première

fois le Père Noël. Un véritable festival d’émotions positives !

L’esprit de Lilas se mit à vagabonder, créant déjà

 

 

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mentalement les futurs dessins qu’elle réaliserait grâce à cet

incroyable cadeau.

– On s’est dit que ça te plairait peut-être. Folle de joie,

elle se jeta dans les bras de Jasmine et Lucille.

– Joyeux anniversaire ! L’adolescente surexcitée les

serra à nouveau contre elle. Elle n’aurait jamais espéré

recevoir un aussi beau cadeau de la part de ses deux

meilleures amies pour ses quatorze ans.

Eh oui ! Aujourd’hui, elle et son frère jumeau Tim,

fêtaient leur quatorzième anniversaire et, pour l’occasion, ils

avaient réquisitionné la maison de la famille Berinta, famille

qu’ils connaissaient depuis toujours, pour réunir leurs

invités. Et étant donné leur nombre, l’endroit permettait à

peine d’accueillir tout le monde.

En effet, deux anniversaires, bien qu’ils tombent le

même jour, cela signifiait surtout deux fois plus de convives

à la fête. Les parents des jumeaux les avaient exhortés à

inviter seulement les amis proches afin de ne pas être trop

nombreux… Peine perdue. Lilas invita toute son équipe de

roller – ce qui équivalait à dix personnes –, ses amis du

collège, mais aussi Cassandre et les autres pages qu’ils

avaient rencontrés à la Base. Quant à Tim, il convia ses

coéquipiers d’escalade et ses camarades de classe.

Bref, autant dire que la maison bouillonnait en ce samedi

11 mai. Les cadeaux se succédaient, s’additionnaient, se

découvraient. Lilas but un verre de limonade en compagnie de

Joane et d’Illias, entama une bataille de guilis avec son jumeau,

et se dirigeait vers l’une des tables, sur laquelle bonbons et

gâteaux en tous genres se chevauchaient, quand…

– Lilas, attends-moi ! L’adolescente se retourna vers le

jeune homme qui s’approchait d’elle à grands pas, se frayant

tant bien que mal un chemin à travers la foule de jeunes en

 

 

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délire qui dansait au rythme du tube du moment. Enfin,

Esteban arriva à son niveau, le teint écarlate. Il lui fit signe

de le suivre.

Le garçon l’entraîna à l’extérieur de la maison, où les

invités se faisaient plus rares. Elle lui demanda à plusieurs

reprises où ils se rendaient, sans obtenir de réponse. Esteban

continuait à s’enfoncer vers le bout du jardin, en jetant de

temps à autre un coup d’oeil en arrière pour vérifier qu’elle

suivait. Enfin, il s’arrêta net devant elle.

Intriguée, Lilas le rejoignit. Elle observa leur

environnement. La forêt de pins qu’elle connaissait presque

par coeur s’étendait à l’horizon, ses habitants formant des

vagues colorées qui ondulaient au gré du vent, comme au

son d’une douce mélodie. Rien d’anormal ne se trouvait là.

– On est censé faire quoi, maintenant ?

– Patience, ça va venir… Lilas n’insista pas et continua

de scruter l’étendue de verdure, avant que son regard ne se

pose à nouveau sur Esteban.

L’adolescent, qui avait bien poussé en deux ans, gardait

les yeux rivés devant lui, dans l’attente ; un léger pli

marquait son front, comme à chaque fois qu’il s’inquiétait ;

ses yeux noirs-gris fixaient à la fois le néant et l’univers. Au

bout de plusieurs minutes, il finit par dévoiler :

– Regarde, c’est mon deuxième cadeau. Pour toi. Lilas

croisa le doux regard de son ami, qui lui sourit avant de lui

indiquer la forêt d’un geste de la main. La jeune fille de treize

(non, quatorze ans maintenant) se détourna de lui et se

concentra sur les arbres. Et au même moment, une voix

rauque surgit de l’ombre :

– Lilas, tiens-toi prête. Bientôt, tu détermineras l’avenir

d’une galaxie. Toi seule pourras les convaincre, quel qu’en

soit le prix à payer.

 

La suite est disponible dans le livre