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Extrait
Chapitre 1
Une famille pas comme les autres
– Tim ! Qu’est-ce que tu fais ? Tu vas être en retard au
collège ! Le jeune garçon se réveilla en sursaut. Il se leva,
s’habilla et fit un brin de toilette à la vitesse de l’éclair, puis
descendit rejoindre les autres dans la salle à manger.
Cette pièce avait été aménagée pour que toute la
famille, aussi nombreuse soit-elle, puisse s’y réunir. Sur les
murs, photos et tableaux se succédaient, jusqu’à arriver à un
grand poster représentant toute la tribu Remblot en roller,
leur sport favori à tous. Un imposant placard, un plan de
travail, ainsi que tout le nécessaire d’une cuisine équipée,
encerclaient une table moderne trônant au centre de la
pièce, et entourée de six chaises.
– Alors comme ça, tu veux faire la grâce matinée le jour
de la rentrée ? le titilla son père en souriant. Allez, dépêchetoi
de manger avant qu’il ne reste plus rien. Tim s’apprêtait
à s’asseoir quand il remarqua la place vide en face de lui.
– Je ne suis pas le dernier, lui fit-il remarquer, un
sourire en coin. En effet, Bastien, son petit frère, n’était pas
encore là. Il se levait pour aller le chercher quand celui-ci
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descendit les marches quatre à quatre, à bout de souffle.
– Qu’est-ce qui t’arrive ? lui demanda Sofia, la
benjamine de la fratrie, partagée entre l’inquiétude et
l’amusement, on dirait que tu as couru un marathon !
– Oh, ne t’inquiète pas, je finissais juste de revoir mes
cours de l’année dernière, expliqua-t-il, plié en deux. Tu
imagines si j’avais tout oublié pendant les vacances !? Ce
serait, ce serait…
– Horrible ! s’exclamèrent en coeur ses soeurs et son
frère, habitués au soin que portait leur frère à ses études. Les
enfants éclatèrent de rire, même Bastien se laissa aller. Le
petit-déjeuner se finit sans encombre, dans la joie et la
bonne humeur, devant un festin de roi que les jeunes gens
engloutirent rapidement.
Tous les matins, Tim et Lilas prenaient le bus pour se
rendre au collège, leur père rejoignait son bureau en train,
et leur mère déposait Sofia et Bastien à l’école primaire avec
sa voiture pour rejoindre son travail.
Tim et sa soeur, bien qu’ayant le même âge, se trouvaient
dans des classes différentes, les années précédentes. Mais
aujourd’hui, une nouvelle année allait commencer, marquant
un nouveau départ…
– Hé, Tim, tu ne me dis plus bonjour ? s’exclama un
garçon blond, qui semblait avoir le même âge que lui et qui
venait d’arriver.
– Arthur ! Comment ça va, mec ? rétorqua
joyeusement celui-ci, en « topant » dans la main que son
camarade lui présentait. Les deux garçons se connaissaient
depuis de nombreuses années et devinrent rapidement les
meilleurs amis du monde.
Ils partageaient tous deux beaucoup de points
communs mais, ce qui les unissait par-dessus tout, c’était de
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faire partie d’une famille… quelque peu nombreuse ! En
effet, Tim vivait avec sa soeur jumelle, Lilas, son petit frère,
Bastien, ainsi que sa petite soeur, Sofia. Quant à Arthur, sa
famille battait des records…
Sa fratrie se composait d’un grand frère, Illias et de
petits frères et soeurs ; Noémie, Max, et Zoé.
– Votre attention, s’il vous plaît ! tonna le directeur
dans un micro.
Tous les élèves se turent pour, comme à chaque début
d’année scolaire, écouter son discours, qui dura un bon
quart d’heure.
– Bien, poursuivit-il, à présent, je vais annoncer vos
classes respectives et vous rejoindrez la salle de cours qui
correspond. Dans le calme ! Le directeur ayant terminé
d’énoncer la liste, les élèves se dirigèrent tranquillement vers la
cage d’escalier du collège, peu pressés de reprendre les cours.
Par chance, Arthur, Tim et Bob, un danseur de hip-hop proche
ami des garçons, se trouvaient dans la même classe.
– Tiens, les trois débiles se retrouvent, grinça une voix
derrière eux, ça va être votre fête cette année… Tim fit volteface.
Il se retrouva nez à nez avec David Dompa, un garçon
de leur âge qui se croyait tout permis car il était le fils du
directeur de la banque centrale de la ville. Il rackettait des
gamins de huit ans et frappait quiconque le dérangeait,
obligeant ainsi presque tous les autres élèves à le respecter.
Presque, mais pas tous…
Tim et Arthur faisait partie des quelques résistants au
tyran David, et ils cherchaient par tous les moyens à ternir
sa réputation de caïd.
– Un problème, mon p’tit lapin ? lança le meilleur ami
de Tim, assis sur sa table, un sourire en coin. David pivota
vers lui et le saisit par les épaules.
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– Qu’est-c’ que t’as dit, minus ? gronda-t-il en serrant
plus vigoureusement celui qui osait l’insulter, un rictus de
colère sur le visage.
– Tu peux pas parler un plus distinctement, on
comprend pas bien quand tu parles, mon p’tit lapin, repritil
sans se démonter face à l’agressivité de son adversaire. Le
fils à papa leva son poing vers le visage du blondinet, mais
Tim lui fit un croche-pied au dernier moment. La brute
bascula en avant et se retrouva à quatre pattes devant les
deux amis, hilares.
A cet instant, on aurait pu entendre une mouche voler
dans la classe car tous les regards s’étaient tournés vers
l’adolescent en furie et les deux garçons qui osaient
s’opposer à lui, chose rare – voire inédite.
– Tu vas m’le payer, p’tit con ! explosa-t-il en marchant
droit sur Tim, qui commençait à s’inquiéter pour les cinq
prochaines minutes de sa vie. Il serra cependant les poings,
prêt à défendre son ami et lui-même. Quant à Arthur, il ne
lâcha pas si facilement l’affaire.
– Ça y est ! J’ai trouvé ! Je sais pourquoi je t’appelle mon
p’tit lapin. Martin, tu peux me passer ton portable, deux
secondes ? lança-t-il en s’adressant à un adolescent baraqué
adossé à une table, qui lui lança un regard interrogateur.
– T’inquiète, je veux juste montrer à nos camarades ici
présents, une photo très avantageuse de notre cher petit
David. Le garçon plongea la main dans la poche de son jean
et en sortit son téléphone (sensé être rangé et éteint au fond
de son sac, mais bon… Tant qu’il ne sonnait pas en plein
cours, ça allait). Arthur lui lança un clin d’oeil complice
avant de faire défiler des images sur l’écran.
– Donne-moi ça !
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Tu peux courir, murmura Arthur, soumis à la
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pression de la poigne de fer de la brute qui l’affrontait. Tim
voulait venir en aide à son ami, mais deux garçons de la
bande de DOMPA le maintenaient fermement.
Il attendit que l’un deux tourne la tête pour agir. Il
écrasa le pied du plus petit de toutes ses forces et se libéra de
son emprise. L’autre lui envoya un coup de pied qui
n’atteint pas sa cible. Tim se baissa au dernier moment et fit
une clé de bras à son adversaire.
Il n’avait pas la moindre idée de comment il avait réussi
à vaincre deux attaquants en même temps. La crainte de voir
Arthur se faire frapper lui avait probablement insufflé le
courage et la force nécessaire à cet élan de force.
– T’aurais jamais dû m’provoquer, menaça l’adversaire
des deux quasi-frères, les yeux lançant des éclairs, n’ayant
pas remarqué que Tim s’approchait de lui. Maintenant tu
vas payer. Il arma son bras et l’abaissa. Le meilleur ami
d’Arthur le saisit en plein vol, sous le regard médusé de ses
camarades de classe.
– Oh oh, souffla Tim, je suis mal. Face à David, il n’avait
aucune chance, il en était conscient. Déterminé à gagner du
temps, il recula d’un pas et chercha à tâtons une arme
potentielle contre Le Caïd. Il croisait les regards des autres
enfants, trop peureux pour ne serait-ce que lui donner un
coup de main.
Son attaquant grogna et s’élança vers lui tel un sanglier
chargeant sa proie. (Remarquez, l’haleine correspondait au
profil du tyran…) Sa trajectoire fut interrompue par Josh,
un garçon mince et élancé aux cheveux en bataille, qui se
planta au milieu de l’allée. Malheureusement, il fut renversé
comme une quille de bowling et projeté sur une table.
Martin bondit alors devant son frère, les poings serrés,
un sourire mauvais sur les lèvres. David pila net. S’il y avait
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une personne sur terre qu’il pouvait craindre, c’était bien
ce gars là. Martin pratiquait le karaté depuis ses quatre ans,
faisant de lui un concurrent redoutable. De plus, il le
dominait d’une bonne tête, renforçant son aspect
intimidant.
– De quoi tu as peur ? Ça change quoi qu’on montre
une photo, hein ? gronda-t-il en fixant le préadolescent dans
les yeux. Je croyais que tu ne craignais rien. Allez, dégage !
Sur ce, il ceintura son frère et l’envoya valdinguer à l’autre
bout de la pièce.
– Tiens Arthur, montre leur comme mon frangin est
photogénique, dit-il en rendant le portable au garçon, qui
lui sourit, reconnaissant. Il ralluma l’écran et reprit sa
recherche mystérieuse.
– Ah ah ! s’écria-t-il triomphalement, nous y voilà !
Une image de David en pyjama lapin apparut à l’écran, à la
vue de tous. Les élèves éclatèrent de rire devant ce cliché
dévalorisant du soi-disant tyran. Le professeur entra alors,
pas très surpris de constater que David avait encore
provoqué une bagarre.
– Du calme, messieurs, vous n’allez pas commencer à
vous disputer le jour de la rentrée, hmm ? souligna-t-il en
remarquant que le perturbateur de la classe saignait du nez.
Tu t’es fait mal, DOMPA. Tu veux aller à l’infirmerie ? Il
allait protester pour ne pas se ridiculiser davantage, mais
Martin le devança en proposant :
– Oui monsieur, bonne idée ! Mon frère est très
sensible au soleil, il saigne souvent du nez quand il fait trop
chaud, vous savez. Il se leva et le poussa vers la sortie. Ce
dernier résista, ce qui lui valut une brusque tape dans le dos.
En passant la porte, Martin enfonça le clou :
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Il a l’air d’un dur, comme ça, mais au fond, il est
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fragile, ce garçon ! dit-il en ébouriffant les cheveux de son
grand frère de dix mois plus vieux. Le Caïd sortit, rouge de
honte, sous les rires de ses camarades.
– Ciao, Bugs Bunny ! ne put s’empêcher de rajouter
Arthur en topant dans la main de ses sauveurs, qui s’en
sortaient tous deux avec quelques bleus et écorchures pour
Josh.
La journée s’acheva sans problème et Tim, Arthur et
Bob, ne voulant pas tomber sur leur camarade et sa bande
de brutes, ne trainèrent pas et rejoignirent Illias à l’arrêt
de bus.
Ils attendirent un moment Lilas, qui arriva
accompagnée de Jasmine et Lucille, ses meilleures amies et
coéquipières de roller qui semblaient satisfaites de cette
première journée de cours.
Après avoir cherché Bastien, Sofia, Max et Noémie,
toute la troupe rentra à Siloet, leur quartier d’habitation. La
fratrie Remblot se rendait dans le salon pour se détendre,
quand une voix les interpella depuis la cuisine :
– Alors, les enfants, votre journée s’est bien passée ?
demanda leur mère qui s’y affairait.
– Oui, je suis bien content que les cours aient repris !
rétorqua Tim contre toute attente. Tous le regardèrent sans
comprendre : lui qui s’était plaint de l’arrivée de la rentrée à
plusieurs reprises, voilà qu’il s’enthousiasmait de ce même
jour. Je veux dire, se reprit-il, que cette première journée
finit bien. Si j’en crois l’odeur, on mange des crêpes ce soir…
– Et bien, on peut dire que tu as vu juste, ou plutôt…
senti juste ! s’exclama Lilas qui s’était approchée.
– Alors à table ! résonna une voix dans leur dos. Leur père
venait d’entrer. Les crêpes avaient toujours été le péché
mignon du garçon, et tandis que son frère racontait sa
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découverte du jour en sa matière préférée, les mathématiques,
il engloutissait un nombre de crêpes infini, devant la mine
désapprobatrice de sa jumelle.
Durant les semaines suivantes, Lilas et son équipe
préparèrent leur prochain spectacle de roller qui consistait
en une suite rythmique d’acrobaties. Quant à Tim et à
Arthur, ils se battirent un soir avec David car ce dernier
avait osé casser les lunettes de Bastien après l’avoir insulté
et traité d’« intello ». Malgré l’humiliation qu’il avait subie
en début d’année, le caïd continuait à maltraiter les autres
élèves, et en particulier Arthur, qu’il savait capable de le
rabaisser rien qu’avec des mots.
Par après, ils s’entraînèrent pour une compétition
d’escalade qu’ils avaient décidé de pratiquer en duo. Tout se
passait pour le mieux, mais pourtant, le jour de la veille des
vacances de la Toussaint, Mr. Remblot reçut un appel
apparemment désagréable. Il resta très silencieux pendant le
petit-déjeuner, ce qui n’échappa pas aux enfants.
Sur le chemin du collège, Tim parla à sa soeur :
– Qui était-ce, à ton avis, au téléphone avec papa ?
– J’ai un peu écouté et…, commença-t-elle, anxieuse de
connaître la réaction de son frère. Il l’invita à poursuivre
d’un hochement de tête.
– J’ai cru comprendre que cela avait un rapport avec
son travail. On lui demandait de faire un choix mais… je
n’ai pas pu rester car il se rapprochait de moi.
Tim acquiesça et assura à sa jumelle que cela ne devait
pas être très grave. Malgré tout, il resta inquiet durant la
journée.
Durant la semaine suivante, la bande d’amis constitué
des Remblot, des Berinta & compagnie alla à la patinoire, au
cinéma voir trois films différents selon les goûts de chacun
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et firent du camping dans le jardin de la famille (très)
nombreuse.
Ce ne fut qu’en voyant l’air grave de leur père lorsqu’il
les fit s’asseoir dans le canapé, que les enfants Remblot
comprirent que l’inquiétude qu’ils avaient ressentie il y avait
une semaine, était justifiée.
– Les enfants, sachez avant toute chose que je vous aime
et que j’ai tout essayé pour empêcher cela mais… j’ai
échoué, poursuivit-il avec des sanglots dans la voix.
L’équilibre naturel est menacé, ce qui risque de provoquer
de véritables catastrophes…
Les enfants écoutaient avec attention son explication,
qui dura jusqu’au moment où il leur parla d’une prophétie.
Les sauveurs des galaxies, dont il ne révéla pas le
contenu, mais juste que ces personnes détermineront notre
avenir par leurs actes. Il se tut et ils restèrent là longtemps,
à se questionner sur le sens de ces mots. Tim finit par briser
le silence en demandant, perdu :
– Mais je ne comprends pas, pourquoi est-ce que tu
nous dis tout cela ? L’homme réfléchit avant de rétorquer :
– Parce que, mon grand, cette prophétie… il marqua
une pause avant d’ajouter, la voix tremblante d’inquiétude,
c’est de vous qu’elle parle…
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